Biographie de Alex de la Iglesia

 

Biographie d'Alex de la Iglesia

Alex de la Iglesia est dÕabord dessinateur de bandes dessinŽes pendant prs de dix ans. S'il suit par ailleurs des cours de philosophie ˆ l'universitŽ, sa vraie passion demeure le cinŽma. Il devient dŽcorateur puis directeur artistique sur divers plateaux, avant de passer ˆ la rŽalisation.

Au dŽbut des annŽes 1990, lÕemblŽmatique Pedro Almodovar remarque l'un de ses courts mŽtrages et dŽcide alors de financer son premier long mŽtrage, Action mutante (1992) ; cette comŽdie gore dŽcrit une sociŽtŽ futuriste qui ne valorise que les personnes favorisŽes et marginalise toutes les autres. Le gožt dÕAlex de la Iglesia pour lÕhumour noir se confirme avec Le Jour de la bte, dŽlirante fable sur lÕarrivŽe de lÕAntŽchrist, qui aborde avec ironie la question religieuse. Le film sŽduit la critique, fait un carton en Espagne (un million et demi de spectateurs) et offre au rŽalisateur une renommŽe qui dŽpasse les frontires espagnoles.

Il dirige alors Javier Bardem dans Perdita Durango, un road movie violent qui se dŽroule entre le Mexique et les Etats-Unis ; le film passe quasiment inaperu. Mais le succs rŽpond ˆ nouveau prŽsent avec Mes chers voisins, comŽdie purement espagnole m‰tinŽe de rŽfŽrences ˆ Star Wars. Alex de la Iglesia peut alors livrer un hommage ˆ lՉge dÕor des westerns avec le semi-parodique 800 balles (2004). LÕannŽe suivante, il rŽalise avec Le Crime Farpait une sombre fable sur la laideur qui prend place dans lÕunivers des grands magasins.

Fort de ces divers succs, Alex de la Iglesia tente alors une carrire anglo-saxonne, qui dŽbute par le thriller Crimes ˆ Oxford, dans lequel il dirige Elijah Wood et John Hurt.

 

 

 

Histoire du cinŽma Espagnol

Petite histoire du cinŽma espagnol

 

SÕil na”t peu aprs son grand frre franais, le cinŽma espagnol va conna”tre un dŽveloppement beaucoup plus lent, en raison de la dictature franquiste et de la censure fŽroce qui lÕa longtemps frappŽ. Avec le retour de la dŽmocratie, cÕest lÕexplosion crŽative et la movida, dont Pedro Almodovar est lÕun des plus fervents reprŽsentants. Depuis le dŽbut des annŽes 2000, la jeune garde ne dŽmŽrite pasÉ

 

   1. Histoire du cinŽma espagnol

 

LÕEspagne embo”te rapidement le pas ˆ la France, patrie du cinŽma, avec de premiers films rŽalisŽs en 1896, soit un an seulement aprs la naissance du septime art. Les premiers studios de tournage voient le jour en 1909 ˆ Barcelone et Madrid. Certains cinŽastes Žtrangers y prennent leurs quartiers.

 

Peu de films nŽs sous lՏre du muet sont encore visibles aujourdÕhui. En Espagne, le cinŽma voit le jour en 1896, soit peu aprs la naissance mme du septime art. La premire fiction espagnole serait Ri–a en un cafŽ (1897). Les premires rŽalisations sont des espagnolades et des seriales, des adaptations de textes littŽraires trs mŽlos. On a comparŽ Segundo de Chom—n, rŽalisateur de lÕH™tel Electrique (1905) et pionnier des films d'animation, ˆ MŽlis. ScŽnariste, rŽalisateur, il initie nombre de trucages et dÕeffets spŽciaux. PathŽ lÕavait prŽcisŽment engagŽ pour rivaliser avec MŽlis, et l'avait amenŽ en France o il travailla sous le nom de Chaumont.

 

Les premiers studios de tournage sont ŽdifiŽs en 1909 ˆ Barcelone et Madrid, suivis, en 1910, de la crŽation de la premire revue cinŽmatographique, Arte y Cinematografia. La premire capitale espagnole du cinŽma est Barcelone. Plusieurs cinŽastes Žtrangers lÕinvestissent pour des tournages, de Max Linder ˆ GŽrard Bourgeois qui y rŽalise la superproduction Christophe Colomb (1916).

 

Aprs des Ļuvres lŽgres et des zarzuelas, lÕavant-garde Žmerge en Espagne. La fin des annŽes 1920 voit le premier chef dÕĻuvre de Luis Bunuel, Un chien andalou, co-Žcrit avec le peintre Salvador Dali. CÕest lÕavant-garde qui succde au cinŽma commercial.

 

   2. CinŽma commercial et avant-garde

 

Les adaptations des opŽrettes espagnoles, ou zarzuelas, typiques du pays, prennent le relais et Madrid succde peu ˆ peu ˆ Barcelone comme place forte du septime art. 58 longs-mŽtrages sont rŽalisŽs en 1929.

 

Les avant-gardistes commencent ˆ faire parler dÕeux, parmi lesquels Luis Bunuel. Le ma”tre du cinŽma surrŽaliste, qui crŽe le premier cinŽ-club en 1928, signe son premier chef dÕĻuvre en 1929 avec Un chien andalou, film de 16 minutes seulement. Il en Žcrit le scŽnario sur le mode du cadavre exquis en moins dÕune semaine, avec Salvador Dali, quÕun rve aurait inspirŽ.

Bu–uel racontera plus tard : Ē Nous travaillions en accueillant les premires images qui nous venaient ˆ l'esprit et rejetions systŽmatiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l'Žducation Č. Suivront LՉge dÕor (1930) et Terre sans pain (1932), avant le long exil de Bu–uel.

 

Les compagnies locales de cinŽma apparaissent au dŽbut des annŽes 1930, et prennent part au dŽbat politique en choisissant leur camp. La guerre civile espagnole voit lÕexplosion de documentaires et films de propagande, outils militants pour mobiliser lÕopinion.

 

   3. La rŽpublique et le parlant

 

Au dŽbut des annŽes 1930, des infrastructures locales voient peu ˆ peu le jour : CEA (Cinematografia Espa–ola Americana) en 1933, Cifesa (Compa–a Industrial Film Espa–ol) en 1934, Filmofono en 1935.

Si CEA et Filmfono sont en partie contr™lŽes par des capitaux Žtrangers, Cifesa, compagnie valencienne, est purement espagnole.

 

Proclamation de la RŽpublique et naissance du cinŽma parlant co•ncident. Les dŽbats politiques et sociaux se retrouvent au sein mme de la crŽation cinŽmatographique. Filmfono, ˆ gauche, est supervisŽe par Bu–uel, la Cifesa choisit le parti de la droite monarchiste et ultra-catholique.

Avec la guerre civile, ds 1936, la production change de visage. La production commerciale sÕefface (25 longs-mŽtrages), mais les documentaires (plus de 200 docs et courts-mŽtrages) et films de propagande foisonnent. Les forces politiques et syndicales prennent peu ˆ peu possession de lÕoutil cinŽma.

La RŽvolution invente un cinŽma militant, transmet ses valeurs, se sert des films pour mobiliser lÕopinion.

 

LÕhistoire du septime art est Žtroitement liŽe ˆ lÕhistoire politique du pays. Avec le franquisme, rŽduction des moyens et censure sont le lot des rŽalisateurs. Quelques productions indŽpendantes voient pourtant le jour.

 

   4. Sous le franquisme

 

Avec lÕavnement du franquisme, en 1939, le cinŽma espagnol entre dans la pŽriode la plus tragique de son histoire : production rŽduite au minimum, censure plurielle (militaire, politique, religieuseÉ). Via le Ministre de lÕIntŽrieur et de la Propagande, la dictature contr™le toutes les formes de crŽation, au premier rang desquelles le septime art.

 

Contr™lŽe par le franquisme, la Cifesa devient la voix de son ma”tre. Les valeurs pr™nŽes sont le passŽ glorieux du pays, le patriotisme, la religion catholique, le culte de la guerre. Sous le pseudonyme de Jaime de Andrade, le Caudillo scŽnarise lui-mme le film Raza ("race" en espagnol) (1941) rŽalisŽ par JosŽ Luis S‡enz de Heredia. Un modle du genreÉ Autres genres pr™nŽs ˆ lՎpoque, les films de croisade et les films religieux. EmblŽmatique de cette censure, la crŽation, en 1952, de la Junta de classification y de censura de las peliculas (AssemblŽe de classification et de censure des films) dont la mission est de juger le contenu moral, politique et social des films.

On note pourtant quelques rares tentatives de productions indŽpendantes, par exemple sous la houlette du scŽnariste et rŽalisateur Edgar Neville ou de Lorenzo Llobet-Grˆcia (on lui doit notamment Vida en Sombras ou Vies dans lÕombre, en 1947).

 

A la fin des annŽes 1950, le rŽgime franquiste rŽduit en partie la censure et ouvre le cinŽma national ˆ des capitaux Žtrangers. EuropŽens et AmŽricains multiplient les tournages en Espagne. Pourtant, les spectateurs espagnols nÕont pas droit aux versions intŽgrales des Ļuvres, mais ˆ des versions ŽdulcorŽes.

 

   5. Les annŽes 1950-70

 

Le nouveau directeur de la cinŽmatographie appuie un courant nŽorŽaliste, ˆ ses risques et pŽrils. Quelques films commerciaux connaissent le succs ˆ lՎtranger. A la fin des annŽes 1950, Franco assouplit la censure et ouvre la voie ˆ des coproductions avec des compagnies Žtrangres. Allemands, Italiens, AmŽricains investissent le territoire pour des tournages de peplums et westerns spaghettis. LÕEspagne leur fournit dŽcor et main dÕĻuvre.

CrŽŽe par un Franais mais vivant gr‰ce ˆ des capitaux et du personnel local, la sociŽtŽ EurocinŽ donne naissance ˆ des produits ˆ bas cožt mais ˆ lÕapport important, type sŽries Z, porno-soft, films dÕhorreur. Le marchŽ franais a droit aux versions intŽgrales, les Espagnols dŽcouvrent des versions plus softs, qui ne risquent pas de heurter la morale et surtout pas la censure franquiste : exit le sexe, exit la violence.

 

Paralllement ˆ ce cinŽma commercial, quelques auteurs apparaissent. Le nouveau cinŽma espagnol voit le jour. Carlos Saura Žmerge ˆ la fin des annŽes 1950, sÕinscrivant dans une certaine tradition nŽorŽaliste. Son premier film, Los golfos, applaudi au festival de Cannes, ne sortira en Espagne qu'en 1963.

ExilŽ au Mexique puis en en France, Luis Bunuel revient pourtant en Espagne, aprs 24 ans dÕabsence, pour y tourner Viridiana. Un ŽvŽnement ! Le film, qui obtient la palme dÕor ˆ Cannes en 1961 – ex ¾quo avec Une aussi longue absence - est pourtant interdit dans son pays jusquÕen 1977, deux ans aprs la mort de Franco.

Le rŽalisateur Victor Erice critique lÕEspagne franquiste avec LÕEsprit de la ruche (1973). Manuel GutiŽrrez Aragon commence ˆ percer. La fin de la dictature pointe le bout de son nez.

 

Le fantastique ibŽrique conna”t son heure de gloire ˆ la fin des annŽes 1960. Un genre illustratif servi par quelques gloires locales, de Jorge Grau ˆ Jesus Franco en passant par Paul Naschy.

 

   6. Le cinŽma fantastique

 

Les annŽes 1968 ˆ 1975, avant la fin de la dictature, voient lՎmergence et lՉge dÕor du cinŽma fantastique espagnol, qui nÕa pas toujours ŽtŽ ŽvaluŽ ˆ sa juste valeur.

En partie imitant le modle anglo-saxon, ce genre conna”t une trentaine de films phare et quelques brillants serviteurs. Jesus Franco, de son vrai nom Jesus Franco Manera (rŽalisateur de LÕhorrible docteur Orlof, Gritos en la noche, en 1962), Narcisso Ibanez Serrador signe La rŽsidence (1971) et Les rŽvoltŽs de lÕan 2000 (1976).

 

Parmi les plus foisonnants des crŽateurs du genre, Jacinto Molina (plus connu sous le nom de Paul Naschy), au parcours singulier. DÕabord Žtudiant en architecture, puis champion dÕhaltŽrophilie, il devient acteur, scŽnariste, rŽalisateur et producteur : cÕest une vŽritable institution ˆ lui tout-seul. Il devient fascinŽ par lՎpouvante aprs avoir assistŽ ˆ une projection du film Frankenstein et le loup garou !

 

Avec la disparition du Caudillo, les vannes de la crŽation sont ouvertes. CÕest la grande pŽriode de la movida, et nombre de rŽalisateurs puisent dans la politique et les mĻurs pour signer des films o souffle un vent de libertŽ. EmblŽmatique de ce courant, ˆ la crŽation toujours foisonnante, Pedro Almodovar.

 

   7. L'explosion crŽative

 

La censure sՎteint peu ˆ peu aprs la disparition de Franco, des aides ˆ la crŽation voient le jour.

Au dŽbut, cÕest le documentaire qui passe au crible lÕhistoire proche du pays : Chansons pour lÕaprs-guerre (1977), AprsÉ (1980). Politique, rŽgionalisme, mĻurs, rien nՎchappe ˆ lÕinspiration des rŽalisateurs.

La nomination dÕun nouveau directeur de la cinŽmatographie, Pilar Miro, entre 1982 et 1985, est pour beaucoup dans ce foisonnement crŽatif tous azimuts.

 

La figure la plus fervente de ces annŽes, emblŽmatique de la movida madrilne, et qui affiche un succs fou, bien au-delˆ des frontires espagnoles, cÕest Žvidemment Pedro Almodovar. Son premier long-mŽtrage co•ncide avec le retour de la dŽmocratie : cÕest Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980), puis Le labyrinthe des passions (1982). Anticonformiste, indŽpendant, il nÕhŽsite pas ˆ jouer la provoc amusŽe. En passant au crible les bouleversements de la sociŽtŽ espagnole, il mle humour, mŽlo, engagement et livre des portraits – de femmes souvent - bouleversants. Il a notamment fait conna”tre Carmen Maura ou Victoria Abril, mais aussi Antonio Banderas et PenŽlope Cruz, qui ont ensuite affichŽ une carrire transatlantique. Marisa Paredes est lÕune de ses ŽgŽries.

 

Fictions ou documentaires, les cinŽastes espagnols affichent une production abondante depuis la fin des annŽes 1990 jusquՈ aujourdÕhui. ComŽdie burlesque ou fantastique, fresques sociales : plusieurs courants sont reprŽsentŽs.

 

   8. La jeune gŽnŽration

 

Dans la lignŽe de Pedro Almodovar, le cinŽma espagnol trouve un indŽniable regain de vitalitŽ.

Plusieurs cinŽastes font leur apparition, avec des univers qui tŽmoignent de la richesse des inspirations et des sujets. Alex de la Iglesia joue la carte de la comŽdie burlesque, Alejandro Amenabar celle du fantastique. DÕorigine chilienne, Amen‡bar arrive ˆ Madrid ˆ lÕadolescence. Son premier film, Tesis, est saluŽ par le public et la critique en 1996, puis vient Ouvre les yeux, sorti en 1998 avec Edouardo Noriega et PenŽlope Cruz, adaptŽ ˆ Hollywood par Cameron Crowe (Vanilla Sky) avec Tom Cruise, aux c™tŽ de Penelope qui reprend son r™le. Pendant ce temps il tourne en anglais : son film Les Autres, avec Nicole Kidman, conna”t un succs international (2001). Il creuse ˆ sa faon un sillon ˆ succs dans les annŽes 1970 et signe un film plus personnel et Žmouvant sur lÕeuthanasie, Mar adentro.

Des rŽalisateurs comme Le—n de Aranoa ou Achero Manas se penchent quant ˆ eux davantage sur les problmes sociaux : violence, ch™mageÉ Julio Medem signe Tierra (1995), Lucia y el sexo (2000) qui se font aussi conna”tre hors des frontires.

Comme Almod—var est le porte-flambeau de la madrilne, Bigas Luna (de son vrai nom Juan JosŽ Bigas Luna), lui, sÕillustre comme le reprŽsentant de lÕavant-garde barcelonaise. Ses principaux films : Jamon jamon (1992), Macho (1993), Le tŽton et la lune (1994).

Certains acteurs connaissent aussi une carrire brillante hors dÕEspagne : cÕest le cas de Javier Bardem ou d'Eduardo Noriega.

De cinquante films par an dans les annŽes 1980, la production a atteint 150 films en 2006, dont une quarantaine de documentaires.