Biographies de deux rŽalisateurs espagnols

 

LE CRIME FARPAIT de Alex de la Iglesia

ēLEX DE LA IGLESIA

 

(Bilbao, 1965) - Fils dÕune mre basque et dÕun pre manchego, ēlex de la Iglesia dŽbute sa carrire comme dessinateur de bande dessinŽe, activitŽ quÕil exerce pendant dix ans. Entre deux films, cet assidu du cinŽ club suit un cursus de philosophie ˆ lÕUniversitŽ. Il devient dŽcorateur puis directeur artistique sur les plateaux de tŽlŽvision et de cinŽma, mŽtier qui lui ouvrira les portes de la rŽalisation.

Au dŽbut des annŽes 90, Pedro Almod—var remarque lÕun de ses nombreux courts-mŽtrages - Mirindas asesinas (1991) - et dŽcide de financer son premier long Action mutante (Acci—n mutante, 1992), une comŽdie satiro-gore qui lance sa carrire. Son deuxime film, Le Jour de la Bte (El D’a de la Bestia, 1995), enfonce le clou dans cette veine. La critique et le public (prs dÕun million et demi de spectateurs en Espagne) sont unanimes et le metteur en scne se forge trs vite une renommŽe internationale.

Avec Mes chers voisins (La comunidad, 2000), un succs de plus dans la carrire de ēlex de la Iglesia, il remporte trois Goya (Žquivalents des CŽsar). Ces rŽussites lui permettent de donner naissance ˆ des projets plus personnels, tels le road-movie Perdita Durango (1997) ou 800 balles (800 balas, 2004), hommage ˆ lՉge dÕor des westerns. En 2005, le rŽalisateur retrouve son genre de prŽdilection, la comŽdie noire, avec Le Crime farpait (Crimen ferpecto), film prŽsentŽ en avant-premire ˆ Nantes en 2005, lors de la 15e Ždition du Festival du CinŽma Espagnol de Nantes.

ēlex de la Iglesia revient cette annŽe pour nous prŽsenter son deuxime projet international Crimes ˆ Oxford (Los cr’menes de Oxford, 2008). InspirŽ de lÕouvrage Cr’menes imperceptibles de Guillermo Martínez, ce film rŽunit John Hurt, Elijah Wood et Leonor Watling autour dÕune enqute menŽe sur le campus dÕOxford en Grande Bretagne.

(source : festival du cinŽma espagnol de Nantes 2008)

 

Filmographie

2008 : Crimes ˆ Oxford * / Los cr’menes de Oxford

2006 : La chambre de lÕenfant / La habitaci—n del ni–o

2004 : Le Crime farpait / Crimen ferpecto (Grand Prix du public au Festival du Film Policier de Cognac, 2005 et Prix du meilleur acteur pour Javier Cámara au Festival du CinŽma Espagnol de Nantes, 2005)

2002 : 800 balles / 800 balas

2000 : Mes chers voisins /

La comunidad

1999 : Morts de rire / Muertos de risa

1997 : Perdita Durango

1996 : Le Jour de la Bte / El D’a de la Bestia

1992 : Action mutante / Acci—n mutante

1992 : Mirindas asesinas (cm)

 

 

 

L'ESPRIT DE LA RUCHE de Victor Erice

VICTOR ERICE

 

Victor Erice est nŽ le 30 juin 1940 ˆ Karrantza en Espagne. FascinŽ par le cinŽma quÕil dŽcouvre enfant, il devient ˆ la fois un important critique et un trs grand rŽalisateur.

Avec seulement trois longs mŽtrages, LÕESPRIT DE LA RUCHE (1973), LE SUD (1983) et LE SONGE DE LA LUMIéRE (1991) en plus de trente ans, il est sans doute lÕun des cinŽastes espagnols les plus rares de sa gŽnŽration. LÕun des plus secrets aussi, mais qui a su prŽcisŽment faire du secret dÕun pays tenu ˆ lÕombre par des annŽes de franquisme, le secret dÕune Ļuvre o les mystres de lÕenfance, autant que la discrŽtion de lÕart, sÕavrent le noyau incandescent auquel elle a su donner forme.

Depuis la fin des annŽes 1990, Victor Erice a tournŽ trois courts mŽtrages, dont le trs bel ENFANTEMENT (2002). SÕil est malheureusement trs rare, Victor Erice compte pourtant parmi les plus grands cinŽastes en activitŽ. Ses trois longs mŽtrages, deux fictions puis un documentaire, sont autant de jalons dans lÕhistoire du cinŽma moderne. Ils ont influencŽ et continuent de nourrir le travail de nombreux rŽalisateurs.

Victor Erice a beaucoup Žcrit sur le cinŽma, notamment un essai sur les films de Nicholas Ray (Nicholas Ray y su tiempo, par Victor Erice et Jos Oliver, Madrid, 1986). Quelques uns de ses textes ont ŽtŽ publiŽs en franais par la revue ĒTraficČ.

Connaissant son gožt, sa sensibilitŽ et son intelligence du cinŽma des autres, lÕimportance et lÕinfluence de cette cinŽphilie de toujours sur ses propres films, le Centre Pompidou lui a donnŽ carte blanche pour prŽsenter au public vingt films qui ont singulirement comptŽ pour lui.

(source : centre Pompidou)

 

 

Filmographie

Courts mŽtrages

en tant que : RŽalisateur

1961  En la terraza            Victor Erice

1962  P‡ginas de un diario perdido      Victor Erice

1963  D’as perdidos (Los)           Victor Erice

1966  Entre vias     Victor Erice

en tant que : ScŽnariste

1963  D’as perdidos (Los)           Victor Erice

en tant que : Scripte

1960  Tarde de domingo  Basilio Mart’n Patino

en tant que : Interprte

1969  Anto–ito vuelve a casa      Manuel Revuelta

Longs mŽtrages

en tant que : RŽalisateur

1968  Desaf’os (Los)         Victor Erice, Claudio Guerin, JosŽ Luis Egea

1973  Espiritu de la colmena (El)

L'Esprit de la ruche            Victor Erice

1982  Sur (El)          Victor Erice

1992  sol del membrillo (El)

Le songe de la lumire     Victor Erice

2001  Ten minutes older : The Trumpet           Aki KaurismŠki, Victor Erice, Werner Herzog, [etc.]

2001  Ten minutes older : The Trumpet : Lifeline       Victor Erice

en tant que : ScŽnariste

1963  Pr—ximo oto–o (El) Antonio Eceiza

1967  Oscuros sue–os er—ticos de agosto      Miguel Picazo

1968  Desaf’os (Los)         Victor Erice, Claudio Guerin, JosŽ Luis Egea

1973  Espiritu de la colmena (El)

L'Esprit de la ruche            Victor Erice

1992  sol del membrillo (El)

Le songe de la lumire     Victor Erice

2001  Ten minutes older : The Trumpet : Lifeline       Victor Erice

en tant que : Adaptateur

1982  Sur (El)          Victor Erice

en tant que : Assistant-rŽalisateur

1963  Pr—ximo oto–o (El) Antonio Eceiza

en tant que : Interprte

2005  Pablo G. del Amo, un montador de ilusiones  Diego Gal‡n

(source : bifi.fr)

 

 

 

 

Histoire du CinŽma Espagnol

 

Petite histoire du cinŽma espagnol

 

SÕil na”t peu aprs son grand frre franais, le cinŽma espagnol va conna”tre un dŽveloppement beaucoup plus lent, en raison de la dictature franquiste et de la censure fŽroce qui lÕa longtemps frappŽ. Avec le retour de la dŽmocratie, cÕest lÕexplosion crŽative et la movida, dont Pedro Almodovar est lÕun des plus fervents reprŽsentants. Depuis le dŽbut des annŽes 2000, la jeune garde ne dŽmŽrite pasÉ

 

   1. Histoire du cinŽma espagnol

 

LÕEspagne embo”te rapidement le pas ˆ la France, patrie du cinŽma, avec de premiers films rŽalisŽs en 1896, soit un an seulement aprs la naissance du septime art. Les premiers studios de tournage voient le jour en 1909 ˆ Barcelone et Madrid. Certains cinŽastes Žtrangers y prennent leurs quartiers.

 

Peu de films nŽs sous lՏre du muet sont encore visibles aujourdÕhui. En Espagne, le cinŽma voit le jour en 1896, soit peu aprs la naissance mme du septime art. La premire fiction espagnole serait Ri–a en un cafŽ (1897). Les premires rŽalisations sont des espagnolades et des seriales, des adaptations de textes littŽraires trs mŽlos. On a comparŽ Segundo de Chom—n, rŽalisateur de lÕH™tel Electrique (1905) et pionnier des films d'animation, ˆ MŽlis. ScŽnariste, rŽalisateur, il initie nombre de trucages et dÕeffets spŽciaux. PathŽ lÕavait prŽcisŽment engagŽ pour rivaliser avec MŽlis, et l'avait amenŽ en France o il travailla sous le nom de Chaumont.

 

Les premiers studios de tournage sont ŽdifiŽs en 1909 ˆ Barcelone et Madrid, suivis, en 1910, de la crŽation de la premire revue cinŽmatographique, Arte y Cinematografia. La premire capitale espagnole du cinŽma est Barcelone. Plusieurs cinŽastes Žtrangers lÕinvestissent pour des tournages, de Max Linder ˆ GŽrard Bourgeois qui y rŽalise la superproduction Christophe Colomb (1916).

 

Aprs des Ļuvres lŽgres et des zarzuelas, lÕavant-garde Žmerge en Espagne. La fin des annŽes 1920 voit le premier chef dÕĻuvre de Luis Bunuel, Un chien andalou, co-Žcrit avec le peintre Salvador Dali. CÕest lÕavant-garde qui succde au cinŽma commercial.

 

   2. CinŽma commercial et avant-garde

 

Les adaptations des opŽrettes espagnoles, ou zarzuelas, typiques du pays, prennent le relais et Madrid succde peu ˆ peu ˆ Barcelone comme place forte du septime art. 58 longs-mŽtrages sont rŽalisŽs en 1929.

 

Les avant-gardistes commencent ˆ faire parler dÕeux, parmi lesquels Luis Bunuel. Le ma”tre du cinŽma surrŽaliste, qui crŽe le premier cinŽ-club en 1928, signe son premier chef dÕĻuvre en 1929 avec Un chien andalou, film de 16 minutes seulement. Il en Žcrit le scŽnario sur le mode du cadavre exquis en moins dÕune semaine, avec Salvador Dali, quÕun rve aurait inspirŽ.

Bu–uel racontera plus tard : Ē Nous travaillions en accueillant les premires images qui nous venaient ˆ l'esprit et rejetions systŽmatiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l'Žducation Č. Suivront LՉge dÕor (1930) et Terre sans pain (1932), avant le long exil de Bu–uel.

 

Les compagnies locales de cinŽma apparaissent au dŽbut des annŽes 1930, et prennent part au dŽbat politique en choisissant leur camp. La guerre civile espagnole voit lÕexplosion de documentaires et films de propagande, outils militants pour mobiliser lÕopinion.

 

   3. La rŽpublique et le parlant

 

Au dŽbut des annŽes 1930, des infrastructures locales voient peu ˆ peu le jour : CEA (Cinematografia Espa–ola Americana) en 1933, Cifesa (Compa–a Industrial Film Espa–ol) en 1934, Filmofono en 1935.

Si CEA et Filmfono sont en partie contr™lŽes par des capitaux Žtrangers, Cifesa, compagnie valencienne, est purement espagnole.

Proclamation de la RŽpublique et naissance du cinŽma parlant co•ncident. Les dŽbats politiques et sociaux se retrouvent au sein mme de la crŽation cinŽmatographique. Filmfono, ˆ gauche, est supervisŽe par Bu–uel, la Cifesa choisit le parti de la droite monarchiste et ultra-catholique.

Avec la guerre civile, ds 1936, la production change de visage. La production commerciale sÕefface (25 longs-mŽtrages), mais les documentaires (plus de 200 docs et courts-mŽtrages) et films de propagande foisonnent. Les forces politiques et syndicales prennent peu ˆ peu possession de lÕoutil cinŽma.

La RŽvolution invente un cinŽma militant, transmet ses valeurs, se sert des films pour mobiliser lÕopinion.

 

LÕhistoire du septime art est Žtroitement liŽe ˆ lÕhistoire politique du pays. Avec le franquisme, rŽduction des moyens et censure sont le lot des rŽalisateurs. Quelques productions indŽpendantes voient pourtant le jour.

 

   4. Sous le franquisme

 

Avec lÕavnement du franquisme, en 1939, le cinŽma espagnol entre dans la pŽriode la plus tragique de son histoire : production rŽduite au minimum, censure plurielle (militaire, politique, religieuseÉ). Via le Ministre de lÕIntŽrieur et de la Propagande, la dictature contr™le toutes les formes de crŽation, au premier rang desquelles le septime art.

 

Contr™lŽe par le franquisme, la Cifesa devient la voix de son ma”tre. Les valeurs pr™nŽes sont le passŽ glorieux du pays, le patriotisme, la religion catholique, le culte de la guerre. Sous le pseudonyme de Jaime de Andrade, le Caudillo scŽnarise lui-mme le film Raza ("race" en espagnol) (1941) rŽalisŽ par JosŽ Luis S‡enz de Heredia. Un modle du genreÉ Autres genres pr™nŽs ˆ lՎpoque, les films de croisade et les films religieux. EmblŽmatique de cette censure, la crŽation, en 1952, de la Junta de classification y de censura de las peliculas (AssemblŽe de classification et de censure des films) dont la mission est de juger le contenu moral, politique et social des films.

On note pourtant quelques rares tentatives de productions indŽpendantes, par exemple sous la houlette du scŽnariste et rŽalisateur Edgar Neville ou de Lorenzo Llobet-Grˆcia (on lui doit notamment Vida en Sombras ou Vies dans lÕombre, en 1947).

 

A la fin des annŽes 1950, le rŽgime franquiste rŽduit en partie la censure et ouvre le cinŽma national ˆ des capitaux Žtrangers. EuropŽens et AmŽricains multiplient les tournages en Espagne. Pourtant, les spectateurs espagnols nÕont pas droit aux versions intŽgrales des Ļuvres, mais ˆ des versions ŽdulcorŽes.

 

   5. Les annŽes 1950-70

 

Le nouveau directeur de la cinŽmatographie appuie un courant nŽorŽaliste, ˆ ses risques et pŽrils. Quelques films commerciaux connaissent le succs ˆ lՎtranger. A la fin des annŽes 1950, Franco assouplit la censure et ouvre la voie ˆ des coproductions avec des compagnies Žtrangres. Allemands, Italiens, AmŽricains investissent le territoire pour des tournages de peplums et westerns spaghettis. LÕEspagne leur fournit dŽcor et main dÕĻuvre.

CrŽŽe par un Franais mais vivant gr‰ce ˆ des capitaux et du personnel local, la sociŽtŽ EurocinŽ donne naissance ˆ des produits ˆ bas cožt mais ˆ lÕapport important, type sŽries Z, porno-soft, films dÕhorreur. Le marchŽ franais a droit aux versions intŽgrales, les Espagnols dŽcouvrent des versions plus softs, qui ne risquent pas de heurter la morale et surtout pas la censure franquiste : exit le sexe, exit la violence.

 

Paralllement ˆ ce cinŽma commercial, quelques auteurs apparaissent. Le nouveau cinŽma espagnol voit le jour. Carlos Saura Žmerge ˆ la fin des annŽes 1950, sÕinscrivant dans une certaine tradition nŽorŽaliste. Son premier film, Los golfos, applaudi au festival de Cannes, ne sortira en Espagne qu'en 1963.

ExilŽ au Mexique puis en en France, Luis Bunuel revient pourtant en Espagne, aprs 24 ans dÕabsence, pour y tourner Viridiana. Un ŽvŽnement ! Le film, qui obtient la palme dÕor ˆ Cannes en 1961 – ex ¾quo avec Une aussi longue absence - est pourtant interdit dans son pays jusquÕen 1977, deux ans aprs la mort de Franco.

Le rŽalisateur Victor Erice critique lÕEspagne franquiste avec LÕEsprit de la ruche (1973). Manuel GutiŽrrez Aragon commence ˆ percer. La fin de la dictature pointe le bout de son nez.

 

Le fantastique ibŽrique conna”t son heure de gloire ˆ la fin des annŽes 1960. Un genre illustratif servi par quelques gloires locales, de Jorge Grau ˆ Jesus Franco en passant par Paul Naschy.

 

   6. Le cinŽma fantastique

 

Les annŽes 1968 ˆ 1975, avant la fin de la dictature, voient lՎmergence et lՉge dÕor du cinŽma fantastique espagnol, qui nÕa pas toujours ŽtŽ ŽvaluŽ ˆ sa juste valeur.

En partie imitant le modle anglo-saxon, ce genre conna”t une trentaine de films phare et quelques brillants serviteurs. Jesus Franco, de son vrai nom Jesus Franco Manera (rŽalisateur de LÕhorrible docteur Orlof, Gritos en la noche, en 1962), Narcisso Ibanez Serrador signe La rŽsidence (1971) et Les rŽvoltŽs de lÕan 2000 (1976).

 

Parmi les plus foisonnants des crŽateurs du genre, Jacinto Molina (plus connu sous le nom de Paul Naschy), au parcours singulier. DÕabord Žtudiant en architecture, puis champion dÕhaltŽrophilie, il devient acteur, scŽnariste, rŽalisateur et producteur : cÕest une vŽritable institution ˆ lui tout-seul. Il devient fascinŽ par lՎpouvante aprs avoir assistŽ ˆ une projection du film Frankenstein et le loup garou !

 

Avec la disparition du Caudillo, les vannes de la crŽation sont ouvertes. CÕest la grande pŽriode de la movida, et nombre de rŽalisateurs puisent dans la politique et les mĻurs pour signer des films o souffle un vent de libertŽ. EmblŽmatique de ce courant, ˆ la crŽation toujours foisonnante, Pedro Almodovar.

 

   7. L'explosion crŽative

 

La censure sՎteint peu ˆ peu aprs la disparition de Franco, des aides ˆ la crŽation voient le jour.

Au dŽbut, cÕest le documentaire qui passe au crible lÕhistoire proche du pays : Chansons pour lÕaprs-guerre (1977), AprsÉ (1980). Politique, rŽgionalisme, mĻurs, rien nՎchappe ˆ lÕinspiration des rŽalisateurs.

La nomination dÕun nouveau directeur de la cinŽmatographie, Pilar Miro, entre 1982 et 1985, est pour beaucoup dans ce foisonnement crŽatif tous azimuts.

 

La figure la plus fervente de ces annŽes, emblŽmatique de la movida madrilne, et qui affiche un succs fou, bien au-delˆ des frontires espagnoles, cÕest Žvidemment Pedro Almodovar. Son premier long-mŽtrage co•ncide avec le retour de la dŽmocratie : cÕest Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980), puis Le labyrinthe des passions (1982). Anticonformiste, indŽpendant, il nÕhŽsite pas ˆ jouer la provoc amusŽe. En passant au crible les bouleversements de la sociŽtŽ espagnole, il mle humour, mŽlo, engagement et livre des portraits – de femmes souvent - bouleversants. Il a notamment fait conna”tre Carmen Maura ou Victoria Abril, mais aussi Antonio Banderas et PenŽlope Cruz, qui ont ensuite affichŽ une carrire transatlantique. Marisa Paredes est lÕune de ses ŽgŽries.

 

Fictions ou documentaires, les cinŽastes espagnols affichent une production abondante depuis la fin des annŽes 1990 jusquՈ aujourdÕhui. ComŽdie burlesque ou fantastique, fresques sociales : plusieurs courants sont reprŽsentŽs.

 

   8. La jeune gŽnŽration

 

Dans la lignŽe de Pedro Almodovar, le cinŽma espagnol trouve un indŽniable regain de vitalitŽ.

Plusieurs cinŽastes font leur apparition, avec des univers qui tŽmoignent de la richesse des inspirations et des sujets. Alex de la Iglesia joue la carte de la comŽdie burlesque, Alejandro Amenabar celle du fantastique. DÕorigine chilienne, Amen‡bar arrive ˆ Madrid ˆ lÕadolescence. Son premier film, Tesis, est saluŽ par le public et la critique en 1996, puis vient Ouvre les yeux, sorti en 1998 avec Edouardo Noriega et PenŽlope Cruz, adaptŽ ˆ Hollywood par Cameron Crowe (Vanilla Sky) avec Tom Cruise, aux c™tŽ de Penelope qui reprend son r™le. Pendant ce temps il tourne en anglais : son film Les Autres, avec Nicole Kidman, conna”t un succs international (2001). Il creuse ˆ sa faon un sillon ˆ succs dans les annŽes 1970 et signe un film plus personnel et Žmouvant sur lÕeuthanasie, Mar adentro.

Des rŽalisateurs comme Le—n de Aranoa ou Achero Manas se penchent quant ˆ eux davantage sur les problmes sociaux : violence, ch™mageÉ Julio Medem signe Tierra (1995), Lucia y el sexo (2000) qui se font aussi conna”tre hors des frontires.

Comme Almod—var est le porte-flambeau de la madrilne, Bigas Luna (de son vrai nom Juan JosŽ Bigas Luna), lui, sÕillustre comme le reprŽsentant de lÕavant-garde barcelonaise. Ses principaux films : Jamon jamon (1992), Macho (1993), Le tŽton et la lune (1994).

Certains acteurs connaissent aussi une carrire brillante hors dÕEspagne : cÕest le cas de Javier Bardem ou d'Eduardo Noriega.

De cinquante films par an dans les annŽes 1980, la production a atteint 150 films en 2006, dont une quarantaine de documentaires.

 

(source : fluctuat.net)